Apprendre à tailler les topiaires

Quels sont les principes généraux de la taille topiaire ?

Les coupes franches sont fondamentales pour des raisons esthétiques et de santé de la plante : les branches déchirées sont la porte d’entrée des maladies. Pour garder le cap horizontal et vertical, les jardiniers utilisent des niveaux de maçon, des règles, le traditionnel fil à plomb et une équerre pour angles droits. Formes géométriques, ludiques ou animalières : tout est possible !

Quels types d’arbres et d’arbustes choisir ?

L’if est assurément un classique pour réaliser de grandes topiaires, grâce à sa croissance lente, son bois très dur, son port rigide et sa capacité à « repercer sur le bois », c’est-à-dire à repousser à partir du tronc même s’il a été rabattu drastiquement. Symbole d’immortalité, il reste aussi une valeur sûre sur le plan de la santé et des caractéristiques sanitaires, car il résiste bien aux maladies et aux attaques fongiques. Et même si son allure vert sombre lui donne un côté un peu sévère, ses pousses vert tendre en avril-mai l’adoucissent. Par ailleurs, le buis, le cyprès, le laurier, le charmille, le hêtre se prêtent aussi très bien au jeu de la taille.

Quand procéder ?

Je conseille de ne pas tailler trop tôt au printemps, malgré le flou créé par les jeunes pousses. Cela leur donne d’ailleurs belle et fière allure, et il faut savoir l’apprécier ! Au château La Ballue, nous faisons une à deux tailles par an selon l’exposition : en juin-juillet après la pousse, et parfois de nouveau en septembre, afin de garder des formes propres et nettes, ne serait-ce que pour le plaisir de nos visiteurs. Quant aux tailles de reformation, plus exceptionnelles, elles servent à modifier drastiquement la silhouette de certains arbres. Mieux vaut alors les prévoir plutôt en hiver.

Y a-t-il des précautions à prendre ?

Bien ramasser toutes les chutes, donc bien secouer les topiaires au moment de la taille et encore 15 jours après : une bâche au sol facilite la tâche. Et puis la sève et le feuillage de l’if sont toxiques : les gants sont incontournables.

Côté outils, que faut-il avoir impérativement ?

La cisaille, le taille-haie électrique (sur batterie lithium, léger et ergonomique) et le sécateur, pour les finitions, sont les trois indispensables. Pour les tailles de restructuration, on peut ajouter aussi la petite scie égoïne. Pensez à les affûter et les lubrifier, car l’if dégage une sève qui endommage les lames. Et si vous avez un très grand sujet, louez un escabeau géant ou une échelle télescopique.

Un dernier conseil pour faciliter le travail ?

Il est possible d’acheter des sujets prétaillés (en forme de colonne ou de cône par exemple), c’est-à-dire des structures déjà denses : c’est un gain de temps précieux !

Le buis, stop ou encore ?

Symbole des beaux parterres à la française de Le Nôtre, les buis sempervirens suffruticosa sont dans la tempête depuis une dizaine d’années, en raison de l’épidémie de chenille pyrale qui entraîne des dépérissements et différentes maladies transmissibles, dont les champignons Volutella et Cylindrocladium. Mieux vaut donc éviter de prendre un risque en achetant de nouveaux buis qui pourraient être porteurs de maladies ; faites plutôt des boutures de ceux qui sont sains dans le jardin. Sinon, mettez en quarantaine les nouveaux sujets afin de les observer pendant six mois. Par ailleurs, aérez vos topiaires, renforcez leurs défenses immunitaires à l’aide de traitements ciblés, et amendez avec sang séché, corne torréfiée et compost. « Le plus prudent serait d’utiliser l’if comme plante de substitution, même si elle correspond mieux aux grandes topiaires ! », conclut, résignée, la spécialiste.