Salix daphnoides

Douces et soyeuses, ces inflorescences sont souvent l’apanage d’espèces précoces qui osent de minuscules fleurs dans l’adversité de l’hiver. pendantes ou dressées, elles illuminent le jardin en quête de vie de leurs verts et jaunes tendres.

Des fleurs douces réunies en peluche, un drôle de fruit sec, un organe de reproduction adapté à l’hiver, qu’est-ce donc qu’un chaton ? La réponse n’est pas si simple : inflorescence à coup sûr, il s’apparente plutôt à un épi, le plus souvent de forme pendante même s’il y a des exceptions, chez le saule Marsault par exemple. Il réunit des fleurs minuscules, réduites à un minimum de pièces florales dont l’architecture varie d’une famille botanique à l’autre. Éclectique dans ses appartenances botaniques, le chaton trouve des foyers de prédilection chez les Salicacées, les Bétulacées, les Corylacées et les Fagacées, autrement dit les saules, les bouleaux et les peupliers, les aulnes, les noisetiers, les hêtres, les châtaigniers… Toutes ces essences champêtres sont simples à cultiver dans un jardin.

La précocité des chatons est un autre trait commun, même si l’on en rencontre de décembre à juin ! C’est en février-mars qu’ils sont le plus appréciés, soyeux sur les ramures dénudées. En cette période où les pollinisateurs sont encore rares et les gelées menaçantes, c’est le vent qui transporte le pollen d’une leur à l’autre. La débauche de couleur et de parfum, qui attire normalement les insectes, est délaissée au profit de la quantité de pollen, libéré à maturité, qui peut provoquer des réactions allergiques.

Chatons d’ici et d’ailleurs

Mode de floraison fréquent dans nos forêts tempérées, le chaton ramène à des essences endémiques qui ne posent donc pas de problèmes d’acclimatation. Banalisées dans le paysage, elles prennent du relief dans le jardin au travers d’une sélection horticole plus noble, ou tout simplement valorisées par l’environnement ou une taille particulière. Ainsi le noisetier : dans nos campagnes comme en production, il n’est pas franchement remarquable.

Pourtant sa silhouette change avec un feuillage doré ou pourpre et en hiver, ‘Contorta’ (3) est éblouissant. Certes, Garrya elliptica (1) intrigue davantage avec ses chatons et son feuillage pérenne, mais cette persistance est l’indice d’une origine plus méridionale (sud des États-Unis) et donc d’une rusticité moindre. En résumé, pour être certain de voir éclater les chatons, respectez les conditions du milieu originel, et vérifiez que l’arbre est porteur de fleurs mâles, car les espèces peuvent être dioïques et les pieds femelles sont en général beaucoup moins spectaculaires.

Perles des zones humides

Dans les peuplements humides, aulnes, peupliers et saules ont la part belle. Tous portent des chatons, mais c’est le saule qui offre la plus belle diversité. Attention, toutes les variétés n’en produisent pas et heureusement car l’osiériculteur qui recherche des bois réguliers, préfère les couleurs de Salix viminalis ou S. alba ‘Vitellina’. Le jardinier préférera des saules Marsault (S. caprea) aux fleurs mâles très volumineuses et colorées, spectaculaires sur ‘Curlilocks’ ou le pleureur ‘Kilmarnock’ ; ou les sélections asiatiques à gros chatons ‘Akame’ et ‘Nesuneko’. Moins communs, les petits S. gracilistyla, S. koriyanagi, S. thaumastu… sont proposés par la pépinière Brochet-Lanvin. Cultivez-les en mélange pour un bel effet en février-mars. Les espèces rampantes ne sont pas en reste avec S. humilis, S. hastata, S cottetii, S lanata. Autre instant de magie : au débourrement, avec les pousses des saules pleureurs vert chartreuse et celles du saule crevette, roses.

Photos réalisés par Béatrice Pichon, sauf mention contraire

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