Poésie

Dans l’arrière-pays héraultais, le végétal apporte sa rime au minéral sur fond de terre aride, pour cette réalisation paysagère qui offre une belle diversité de scènes aux accents méditerranéens. Le secret de son créateur ? Une parfaite connaissance des jardins sans eau.

Une fête des sens bucolique qui fleure bon la garrigue. Jean Giono disait que ce qui caractérise la Provence, ce n’est pas la couleur, comme on le pense souvent, mais le gris. Il semble en effet que sous le ciel bleu, les feuillages ternes reflètent toute leur splendeur. Dans le Languedoc, pas si loin, le jardin de la Taillade, à Claret, savamment entretenu par Didier Saint-Jean, illustre à merveille cette réalité lumineuse. Si le quartier alentour témoigne d’une urbanisation rapide, le jardin, lui, s’auréole d’une atmosphère qui nous renvoie aux temps où chaque arpent de cette terre du Sud ne donnait qu’à force de patience, de travail et de ruse. Une impression poétique que le propriétaire met en œuvre de façon personnelle et très pédagogique.

L’œil du pro 

Il faut dire que Didier Saint-Jean, lorsqu’il n’est pas au jardin, travaille dans celui des autres, puisqu’il est paysagiste et jardinier. Son espace privé, aménagé sur 1 600 m² autour d’une agréable maison, offre des chemins qui serpentent entre des massifs au charme naturel et pourtant mûrement réfléchi. Car le sol est maigre et la roche affleure. Le propriétaire a donc sélectionné des végétaux qui conviennent parfaitement à cette situation défavorable, quoique commune à bien des endroits de la région. Les phlomis arbustifs, proches cousins de la sauge de Jérusalem, y sont rois.

Colorés à la fin du printemps par leur floraison, ils produisent un feuillage argenté captant le moindre photon tout le reste de l’année, hiver compris. Et comme il n’y a pas beaucoup de terre, il faut en créer. Pour cela, il a tiré parti du moindre creux dans lequel il accumule les déchets végétaux afin que s’y forme une litière accueillante. Les pierres, nombreuses, lui servent à façonner des murets et des bordures, constituant un parfait complément aux végétaux de terrains secs. Ici, nul gazon : il ne pousserait pas ou, de toute façon, exigerait trop d’eau et de maintenance par rapport à l’agrément qu’il pourrait apporter. Didier a donc opté pour une cour gravillonnée qui lui permet de placer les plantes les plus précieuses et les garder ainsi à portée de vue.

Un aménagement optimisé 

Les variétés de terrains secs ont une vertu supplémentaire pour le jardinier : elles libèrent des substances qui entravent la croissance des mauvaises herbes, réduisant d’autant l’entretien. Une taille régulière est toutefois nécessaire pour contenir la végétation dans de justes proportions.

Didier Saint-Jean manie autant la plume que le sécateur. Et sa poésie s’exprime dans ses créations littéraires disséminées dans le jardin, sur un arrosoir ou une pièce de zinc réservée à cet effet, ou encore sur son site. Il a d’ailleurs été nommé Flamme d’or lors de l’édition 2014 du concours de poésie « Flammes vives ». Une sensibilité à fleur de peau qui influence sans aucun doute tous ses choix de paysagiste très inspiré et semble insuffler une harmonie à l’ensemble de son jardin. Finalement, les plantes sont comme les mots : mieux vaut apprendre à en jouer avec douceur plutôt que de chercher à batailler contre… .

Le retrouver

Didier Saint-Jean, 95 chemin Farjou, 34270 Claret.

Tél. : 09 60 48 79 25

www.artdesjardinsmediterraneens.com

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