Une symphonie en rose qui se décline sur tous les tons… D’une friche et de bâtiments délabrés, France Jobert a forgé un domaine de rêve, romantique à souhait. C’est également un hymne au jardinage doux, où biologique et permaculture sont rois.
Il faut avoir la foi chevillée au corps et pas mal d’imagination quand on achète un domaine en mauvais état. Sans parler du terrain abandonné depuis onze ans et redevenu la proie des ronces, des sycomores et des mauvaises herbes de toute nature. Les lieux ne manquaient pas d’attraits, cependant. L’ancien château-fort est situé en Seine-et-Marne, sur un terrain lourd, plutôt marécageux, dans un climat proche de celui du Bassin parisien. Il a fait place, au XVIIe siècle, à une demeure classique, plus élégante. Puis il a subi des transformations diverses, au fil des propriétaires. Du jardin classique probable, il ne reste pas la moindre trace. Le potager, en revanche, a conservé sa structure, même si les murs sont éboulés çà et là. La seule restauration des bâtiments a demandé dix ans. Pendant ce temps, pas question de parler de jardin, qui poursuit cahin-caha sa petite vie.
Des contacts de qualité
Tout change quand, enfin abritée dans des murs habitables, France Jobert, tout à fait débutante en la matière, décide de se pencher sur le jardin. Elle se plonge dans les ouvrages de Gertrude Jekyll, conceptrice majeure d’outre-Manche de la fin du XIXe siècle, et de Beth Chatto, jardinière experte contemporaine, puis va visiter des espaces verts, tels que Le Vasterival en Normandie ou le jardin botanique de Kalmthout, près d’Anvers. Le premier pas est franchi quand elle décide de cultiver ses propres légumes, pour son premier-né, et donc de rétablir le potager. Vaste programme ! Il faudra un an pour achever d’y abattre les arbres parasites et de le débroussailler. Entre-temps, France rencontre des jardiniers, des pépiniéristes experts, dont le regretté André Eve qui lui fait découvrir les rosiers et devient un ami. Il lui dédiera même l’une de ses créations, ‘France de Berville’. La rose devient reine, le sol de Berville se prêtant parfaitement à cette amateure de terre lourde.
Un style très libre
« Je sais que peu de jardiniers actuels se passionnent pour le style anglais très abouti, qui demande énormément de travail, et préfèrent des jardins plus dépouillés. Mais je rêvais de cette esthétique, imitée de la nature, où tout se mélange harmonieusement. Les tons retenus sont plutôt doux au printemps, le flamboiement étant réservé à l’automne, avec feuillages et baies. La surface totale est de six hectares, dont un de potager. Celui-ci est divisé en huit parties et cerné de plates-bandes ornementales de type mixed-border. »
Outre les bordures et le jardin nourricier, le terrain comporte trois vergers et nombre d’arbres et arbustes de collection qui demandent, fort heureusement, moins de soins. Tout ici est cultivé suivant les préceptes de la permaculture : pas de pesticides, pas d’engrais chimiques, pas de labour. La terre est simplement aérée. Et France ne cesse les apports de compost, fait par ses soins ou acquis dans les bonnes maisons. Le sol, de gluant, est ainsi devenu moelleux, et les récoltes sont prodigieuses, en particulier sur les huit talus de culture. Pour ce qui est des traitements, ils sont uniquement faits en cas d’urgence, par le biais de la phytothérapie.
Pas de problèmes d’arrosage à l’horizon, comme l’a démontré le catastrophique début de juin. Quant à l’entretien, c’est France qui s’y consacre tous les jours de l’année, du matin au soir, avec un peu d’aide, de temps en temps. Quand on aime… .
Le retrouver
Domaine de Berville, route de Moret, 77690 La Genevraye.
Tél. : 06 07 66 17 80.
www.les-jardins-de-berville.fr
Visites sur rendez-vous du 1er mai au 14 juillet et du 15 août au 31 octobre. Le jardin est ouvert en juin et octobre-novembre, au cours de visites-conférences menées par un spécialiste sur un thème.
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