L’engrais chimique

On recommande souvent d’en apporter aux cultures, sans toutefois préciser suffisamment dans quelles conditions procéder. Car fertiliser n’est pas toujours utile et peut parfois même se révéler néfaste. Conseils pour un usage optimum.

En premier lieu, il est important de bien comprendre ce qu’est un engrais. Une définition très large le résume à une matière solide ou liquide que l’on apporte à une plante pour enrichir en éléments minéraux le sol à proximité de ses racines. Si l’on se contente de ce concept, beaucoup sont à considérer comme tel, à commencer par le compost, la cendre de bois ou encore le marc de café. Car, quelle que soit sa nature, toute matière ajoutée au sol le modifie. Sont donc appelés engrais les apports très concentrés en éléments minéraux : autrement dit les produits que l’on achète en poudre ou sous forme liquide à diluer. Le compost, qui améliore les qualités physiques de la terre plus que sa concentration en éléments minéraux, devient un amendement. On le voit, la frontière est ténue. Pourtant les deux usages diffèrent et correspondent chacun à des besoins précis du sol.

Compenser les pertes

Prenons l’exemple d’une nature sauvage, sur laquelle nul humain n’intervient, encore moins avec un arrosoir plein d’engrais. Toute la matière organique qui tombe au pied de la plante (feuilles mortes, fleurs fanées…) y reste (car il n’y a pas non plus de jardinier avec un rateau), elle y forme une litière et s’y décompose. Les végétaux vivent donc en cycle fermé, il n’y a ni import, ni export de matière organique. Mais, retirez d’une forêt toutes les feuilles mortes tombées au pied des arbres : en deux ans, ils commenceront à dépérir. Or, dans un jardin, il y a beaucoup d’export. Le gazon coupé que l’on ramasse, les feuilles mortes que l’on balaye à l’automne, les fruits et les légumes que l’on récolte, tout cela constitue un volume de matière organique qui ne retournera pas à la terre. Pour compenser ces pertes, le seul moyen est d’apporter à nouveau une matière fertilisante, soit un amendement composté en début de saison, soit un engrais plus tard. L’engrais agit immédiatement, alors que l’amendement composté agit sur le long terme. Si vous avez, par exemple, épandu du compost en début de saison, un engrais n’est pas nécessaire. Sinon, un apport d’engrais sera parfois le seul moyen d’éviter qu’une plante ne souffre d’une quelconque carence.

Du côté des jardinières

En pot, la condition des plantes est encore plus contrainte. Elles y ont rarement la possibilité de former une litière pour recycler leur propre matière organique, leurs racines ne peuvent s’allonger indéfiniment à la recherche d’une source nutritive et doivent faire avec ce que le volume du pot leur offre. Un apport d’engrais est donc indispensable pour les voir se développer et fleurir, tandis qu’un rempotage leur offre de quoi prospérer à nouveau pendant trois à douze mois, selon leur vigueur. Durant ce temps, les apports d’engrais ne sont pas nécessaires.

S’adapter à la plante

Dans tous les cas, en pleine terre en ou en pot, tout dépend du métabolisme de la plante. Les végétaux à croissance lente n’ont en général pas besoin d’engrais car la limite se trouve en eux, pas dans la terre. A contrario, les plantes à la croissance gloutonne, comme les bananiers d’ornement ou les bambous, semblent n’en avoir jamais assez. Mais, amendement ou engrais, il doit être employé de façon raisonnée et non pas comme un réflexe. Sur une plante malade ou stressée, il ne fera qu’empirer la situation. Sans compter que l’absence d’engrais ne sera jamais pire que le surdosage qui, lui, peut tuer la plante…

Savoir lire les emballages

L’emballage d’un engrais mentionne toujours sa teneur en NPK : c’est à ça que l’on reconnaît un engrais dans le commerce. L’azote (N) favorise les parties vertes de la plante ; le phosphore (P) est nécessaire dans les racines ; la potasse (K) se destine surtout aux fleurs et aux fruits. Les plantes aiment surtout l’azote (pour pousser) et la potasse (pour fructifier).
Un engrais NPK 10-5-5 indique qu’il contient deux fois plus d’azote que de phosphore et de potasse.
Un bon engrais comporte aussi des macroéléments (soufre, magnésium, calcium, fer, etc.) indispensables. Il peut aussi inclure des oligoéléments, que les végétaux assimilent en quantités très limitées mais indispensables sur le long terme.

Texte et photos Franck Boucourt et Jean-Michel Groult

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