En Belgique, dans la plaine des environs de Waterloo, deux amateurs passionnés ont, contre toute attente, patiemment métamorphosé une forêt sombre et déserte en un jardin luxuriant et élégant toute l’année.
Quand André Oldenhove et son épouse, jeunes mariés, acquièrent en 1978 leur terrain de 1,5 hectare dans le hameau des vieux Manants, qui a donné son nom au jardin, ils savent que la tâche à venir va être de taille. Il y avait en tout et pour tout une chaumière très délabrée, perdue dans l’ombre dense d’immenses épicéas, et pas une plante intéressante. « C’est la maison de Blanche-Neige », lui dit alors sa mère en ajoutant comme une prédiction : « Rien ne poussera jamais ici, dans ce sol sablonneux. »
Mais trente-cinq ans plus tard, grâce à de gros travaux et un savoir‑faire très sûr, c’est l’un des plus admirables jardins de Belgique. Aéré, varié, fleuri et coloré toute l’année, il est également ouvert sur les vallonnements voisins.
Un travail de forestier
Les premiers temps sont consacrés à la restauration du bâtiment, avec la ferme volonté, dès le départ, d’y établir contre vents et marées un jardin. Il a fallu, bien entendu, abattre les épicéas (au total, plus de 700 !). Le premier effet fut que la maison a semblé grandir, grâce à l’arrivée de la lumière. Le sol est sablonneux, acide, mais assez riche, toutefois, grâce à une bonne couche d’humus, les résineux n’ayant pas été inutiles sur ce point. Le couple décide de partager le terrain en quatre zones principales : le jardin promenade, conçu comme un sous-bois clair, la piscine, le verger, qui accueille les moutons, et le potager, seul espace naturellement plat de l’ensemble. « Et pour la paix du ménage, ajoute André, chacun de nous a laissé son domaine à l’autre ! » Les arbres et arbustes lui reviennent, tandis que son épouse s’attribue les vivaces et légumes, ainsi que les abords de la maison.
Savoir choisir
Les lois qui régissent le jardin sont faites avant tout de bon sens. Les plantes de terre de bruyère y prospèrent sans peine naturellement, et tous les végétaux sont essayés avant d’être adoptés. « S’ils ne se plaisent pas, nous n’insistons pas, intervient André. Ils ne sont simplement pas faits pour nous. » Par ailleurs, ils doivent pouvoir se passer d’arrosage, sauf en cas de sécheresse prolongée et, bien sûr, durant leur installation. Aucun grand arbre ne figure près de la maison, tant pour la lumière que pour la sécurité.
« Notre chance supplémentaire est que la campagne environnante est belle », souligne André. Loin de la cacher, le couple a fait en sorte qu’elle fasse partie du jardin, en ménageant de nombreuses ouvertures et points de vue. L’ensemble des plantations a pris de l’étoffe avec le temps, et la gamme végétale recouvre 700 espèces différentes. Le but est de garnir tous les niveaux disponibles, du ras du sol au sommet des arbres, et surtout d’obtenir de beaux effets toute l’année, y compris en hiver, grâce à un choix judicieux de floraisons, feuillages, structures et écorces.
Et quand on demande aux propriétaires s’ils assurent seuls les plantations et l’entretien, ils précisent modestement : « Pas tout à fait. Il y a quelqu’un qui vient, une fois l’an, tailler les ifs. » C’est bien peu !
Pour visiter le jardin
• Le jardin des vieux Manants M. et Mme A. Oldenhove
15, les vieux Manants, 1472 Vieux-Genappe, Belgique.
Tél. + 32 495 18 02 03.
[email protected]
Visitable sur rendez-vous pour les groupes.
A LIRE EGALEMENT
7 serres à visiter absolument
Essonne : visitez ce jardin d’exception
