« Auprès de mon arbre » lequel choisir ?

…je vivais heureux…» raconte la chanson, sous réserve que la variété retenue et l’endroit où elle est plantée conviennent à votre jardin et à ses alentours car c’est pour des décennies que l’arbre élu remplira son rôle pratique et paysager. De quoi y réfléchir sous l’arbre à palabres !

Un arbre plein de ressources

Avant toute plantation, vous devez déterminer ce que vous attendez d’un arbre. Vous pourrez ainsi concilier, de manière objective, les exigences de votre jardin et les qualités d’une espèce particulière. Dans les faits, vous aurez au final le choix entre des variétés différentes, ce qui vous permettra de personnaliser votre terrain.

Des fonctions pratiques. Judicieusement choisi et placé, l’arbre masque des bâtiments peu esthétiques ou cache des regards indiscrets. Il participe activement à la réduction des nuisances sonores. Pour encadrer et valoriser une construction, évitez les arbres qui attirent trop l’attention au profit d’espèces qui se raccordent au décor naturel existant. Pour border un chemin ou marquer une limite de propriété, gardez-vous des arbres dont la frondaison est trop encombrante ou qui produisent des fruits gênants. Oubliez aussi les feuillages trop sombres qui conservent l’humidité. Planté à proximité d’une maison, un feuillu agit comme un climatiseur biologique. En été, il garantit un ombrage sur la façade, assurant ainsi la fraîcheur des murs. En hiver, il laisse passer les rayons du soleil. Il maintient aussi une humidité de l’air agréable tout en dépolluant l’atmosphère, retenant poussières et polluants et produisant de l’oxygène. En bord de terrasse, il fait office de parasol l’été, mais aussi de parapluie en conservant l’eau.

Pour les arbres isolés installés dans des endroits dégagés, privilégiez les espèces à port naturel ample et équilibré comme les hêtres, chênes ou tilleuls. Les variétés à feuillage coloré en automne sont du plus bel effet (érables, hêtres…). Si c’est de l’ombre dont vous avez besoin, tournez- vous vers des espèces au feuillage léger qui filtrera les rayons du soleil tout en laissant passer un minimum de lumière comme l’albizia (Albizia julibrissin) ou bien l’arbre de Judée (Cercis siliquastrum).

Un rôle paysager. Quand le jardin se fait à partir d’un terrain nu, ce sont les arbres qui sont plantés en premier. Quand il existe déjà, on choisit de conserver ou non les espèces en place, de les remplacer ou de les compléter. Les arbres apportent des éléments verticaux qui donnent du volume. Jouez sur les effets d’optique pour modifier les échelles ou accentuer les impressions de profondeur. Par exemple, placez dans le lointain des arbres de petites tailles en mettant à distance les couleurs froides (feuillages bleutés de certains résineux). Exploitez les jeux de lumière au travers de feuillages plus ou moins denses. Travaillez sur les écorces dont certaines sont très graphiques (les jardiniers japonais sont passés maîtres en la matière). Tout l’exercice consiste à trouver la variété de couleurs et de formes qui évitera la monotonie. Les plantes doivent se compléter naturellement, dans les aspects et au cours du temps. La sélection détermine ensuite le choix des végétaux qui viendront pousser dans leur ombre ou aux alentours. N’hésitez pas à mélanger les espèces pour tenir compte des variations saisonnières et obtenir des effets variés. Leur croissance lente et leur longévité apportent une stabilité dans ce lieu dont ils modifient aussi le climat.

Quand l’achat est décidé
Au préalable, une promenade au jardin botanique ou dans les parcs donne l’occasion de découvrir son « arbre » au stade adulte : une sage initiative pour éviter toute erreur. Où s’adresser
• Un pépiniériste producteur vous permettra de choisir la taille de votre sujet et vous délivrera les conseils pointus d’un connaisseur.
• Les jardineries offrent, quant à elles, une large gamme d’espèces. Vous y trouverez certainement ce que vous cherchez.

Choisir le bon plant
Préférez toujours une plante qui paraît saine et dotée de son étiquette. Les feuilles doivent être bien vertes, sans taches ni présence d’insectes ni feuilles jaunies. Décidez-vous pour des arbres aussi grands que possibles car ils promettent des résultats rapides. Mais soyez patient : avant de se développer en hauteur, l’arbre commence par faire ses racines jusqu’à ce que leur volume soit équivalent à celui de la ramure.
• En conteneur : une formule qui concerne la plupart des jeunes arbres proposés aux particuliers. La plantation est plus facile, sans risque d’abîmer les racines. Elle peut se réaliser tout au long de l’année, en prenant la précaution de bien arroser pendant les périodes chaudes. Si les racines ont fait un chignon, cassez-le à l’aide d’une petite griffe avant de mettre la motte en terre. Sinon, votre arbre poussera très mal.
• En mottes : cette présentation avec protection en jute ou en textile synthétique concerne surtout les plus grands arbres qui ne pourraient pas pousser en conteneur. Ces végétaux sont disponibles en automne et au printemps. Ils doivent être plantés rapidement.
• En racines nues : une proposition qui se raréfie et n’est disponible qu’en automne.

Une espèce adaptée au jardin

Chaque arbre a des caractéristiques qui lui sont propres. Mais toutes les espèces ne présentent pas des particularités intéressantes à tous les stades de leur développement. C’est pourquoi en combiner plusieurs est le plus souvent nécessaire.

Un emplacement sans souci. Tenez compte du volume définitif de l’arbre tant au niveau de sa frondaison que de ses racines. Mettez-le à distance respectable d’une maison pour laisser le soleil passé. Faites en sorte que les branches se trouvent loin des gouttières, cela évitera de devoir nettoyer celles-ci très fréquemment. Méfiez-vous des racines qui peuvent endommager des canalisations (eau, tout-à-l’égout, électricité…). Elles sont capables d’aller très loin pour chercher de l’eau, y compris en surface. Une pelouse y verra un concurrent redoutable. Dans les terrains argileux, elles peuvent provoquer un assèchement qui se traduit par un tassement et même un risque d’affaissement de fondations (bâtiment, allée).

Le type de sol. Les arbres ont des exigences variables en la matière. Globalement, ils s’épanouissent mieux sur des sols équilibrés, comme une terre de jardin. Certaines espèces (pins et bouleaux) s’accommodent très bien des terrains sableux, pauvres et secs. Les aulnes et les saules acceptent des sols détrempés ou régulièrement humides, le bouleau et le sorbier des oiseleurs aussi. Les sols acides, qui ont tendance à être plus pauvres, accueillent beaucoup d’espèces. C’est moins le cas pour les sols alcalins qui imposent des contraintes plus importantes. Par bonheur, le sumac de Virginie (Rhus thyphina) fait partie de ces espèces qui sont capables de pousser n’importe où.

Des éléments décoratifs. Un arbre se distingue par ses fleurs, ses feuilles, la couleur de ses branches, ses fruits ou son écorce. Ces composantes se suivent, l’une prenant le relais de l’autre. Si le bouleau (Betula pendula) est beau toute l’année, l’amélanchier (Amelanchier lamarckii) n’offre qu’une floraison de courte durée, seul son feuillage clairsemé est intéressant car il le conserve quelle que soit la saison. Les espèces persistantes, comme les ifs ou les houx, permettent de réaliser des écrans pour masquer la vue ou pour servir d’écrin à des plantes plus décoratives.

L’ampleur de l’arbre. Ce critère de choix est certainement le plus important. Au bout de quelques années, il doit respecter les proportions du jardin, sans se répandre en dehors de ses limites. Cette information est disponible pour chaque espèce et variété, mais il est préférable de voir, dans un parc ou un jardin, ce que donne réellement l’arbre qui vous plaît quand il est adulte. Attention, tout est question de proportion ! Un spécimen de 10 mètres de haut peut paraître trop ambitieux pour un petit jardin alors que dans un très grand, il sera ridicule. Parallèlement à la hauteur de l’arbre, vous devez tenir compte de son étalement. Ainsi, un genévrier des rochers (Juniperus scopulorum), qui atteint 12 mètres de haut, trouve sa place dans un petit jardin parce qu’il a un port en forme de colonne qui monte vers le ciel. Par contre, un parrotie de Perse (Parottia persica) sera moins adapté bien qu’il atteigne une hauteur moyenne de 8 mètres car il a tendance à beaucoup s’étaler. Toutefois la hauteur et la largeur définitives d’un arbre dépendent également du sol, du climat et de l’origine de la plante.

La rusticité de l’espèce. Une fois le choix fait sur des critères esthétiques et de taille, encore faut-il que l’espèce retenue se plaise à l’endroit où elle sera plantée. Vous devez tenir compte des conditions climatiques sous peine d’être déçu par un arbre qui n’exprimera pas le potentiel attendu. Lisez donc attentivement ces informations indiquées sur les étiquettes. Sachez cependant que des variations sont possibles. En règle générale, les végétaux adaptés au froid s’épanouissent moins bien sous un climat plus chaud. Tenez compte aussi de la disponibilité naturelle en eau, qu’elle provienne d’une nappe souterraine ou de la pluie. Ne vous fiez pas aux arrosages et préférez des espèces adaptées au niveau moyen des précipitations annuelles.

Comment planter
Il faut d’abord creuser un trou qui fasse au moins deux fois le volume des racines. Si la terre est très humide, ajoutez du gravier ou du sable au fond ce qui favorisera le drainage. Enfoncez le(s) tuteur(s) avant la mise en place de l’arbre. Installez ensuite les racines en terre puis rebouchez le trou avec la terre enrichie avec du compost et du terreau. La jonction entre le tronc et les racines doit être au niveau du sol. Tassez avec les pieds et arrosez abondamment car il faut que la terre colle bien aux racines. Apportez de l’eau régulièrement pour que le sol reste toujours humide lors des 15 premiers jours. N’oubliez pas de soigneusement tuteurer les jeunes sujets pour qu’ils ne soient pas renversés par le vent et qu’ils poussent bien droit. Attachez le tronc au tuteur assez bas (au premier tiers depuis le sol) ainsi l’arbre gardera une certaine souplesse. Le tronc gagnera également en vigueur et votre arbre sera plus beau. Il ne vous reste plus qu’à patienter !

Une variété qui plante le décor

Remarquables par tel ou tel caractère, certaines espèces s’apprécient à des saisons différentes. Encore faut-il le savoir pour choisir les types d’arbres qui répondent le mieux à vos attentes. Catalogues, livres, recherches sur Internet, etc. sont de bonnes sources de renseignements illustrées.

Des fleurs magnifiques. An début du printemps, l’amélanchier donne une floraison brève, et fleurissent aussi le magnolia (Magnolia stellata) et le Prunus x subhirtella. En été, c’est l’époque du pavier rouge (Aesculus pavia), du cornouiller du Japon (Cornus kousa), de l’arbre à franges (Chionanthus virginicus), de l’aubépine (Crataegus laevigata), de Laburnum x waterei… À la fin de l’été et en automne, le jardin s’illumine avec les fleurs de l’angélique du Japon (Aralia elata), du lilas des Indes (Lagerstroemia indica x fauriei) ou du ligustrum (Ligustrum lucidum).

Des fruits intéressants. Beaucoup d’arbres ont des fruits colorés qui apparaissent à la fin de l’été. Outre leur côté esthétique, ils représentent aussi une source de nourriture pour les oiseaux. Ainsi, l’arbousier (Arbutus unedo) produit des fruits rouges en grappe qui sont mûrs en automne. L’arbre aux cloches d’argent (Halesia carolina) a des jolis fruits verts pourvus de quatre ailes. Les fruits du houx (Ilex aquifolium), d’un rouge vif, persistent pendant l’hiver. Les malus (Malus floribunda) gardent des minuscules pommes jaunes teintées de rouge. Le sorbier (Sorbus aucuparia) dispose de fruits rouges à orangés très abondants.

Des feuillages remarquables. Certaines espèces possèdent un feuillage particulier qui attire le regard parce qu’il a une forme ou une couleur originales. L’érable palmé (Acer palmatum ‘Atropurpureum’) offre des feuilles pourpres tout l’été qui deviennent rouge feu en automne. L’aulne glutineux (Alnus glutinosa ‘Imperialis’) présente des feuilles découpées ressemblant à des plumes, tandis que le houx d’Amérique (Ilex opaca) montre des feuilles vert mat sur le dessus. Le cyprès d’Hinoki (Chamaecyparis obtusa ‘Crisppii’) a un feuillage doré disposé sur des rameaux aux extrémités retombantes.

De belles couleurs d’automne. Certaines espèces reproduisent toujours les mêmes coloris. D’autres sont plus dépendantes du climat et leurs feuilles tombent parfois avant d’avoir offert de belles couleurs. Les érables du Japon (Acer japonicum) sont très appréciés pour leurs teintes automnales, ainsi que plusieurs espèces d’Euonymus qui s’accompagnent de magnifiques fruits. Les cotinus rivalisent aussi de tonalités chatoyantes. Réputée également, l’aubépine de Virginie (Crataegus crus-galli).

Des écorces étonnantes. L’attrait pour les belles écorces est récent. Ce sont des curiosités à contempler tout l’hiver ! Les érables à peau de serpent (Acer davidii ‘Serpentine’) embellissent avec le temps. L’érable à écorce de papier (Acer griseum) est aussi de toute beauté, dès les premières années. Le bouleau n’est pas en reste (Betula utilis var. jacquemontii). Le lilas des Indes (Lagerstroemia indica x fauriei) présente une écorce écailleuse de diverses couleurs. Le cerisier du Tibet (Prunus serrula) a une écorce brun-rouge se détachant par bandes. L’if (Taxus baccata) est doté d’une écorce brun-rouge parcourue de jolies stries et fissures.

À quelle distance des voisins ?
Le Code civil (art. 671, 672 et 673) indique la distance de plantation à respecter par rapport à la ligne séparative de propriété, soit :
– 0,50 m pour les arbres de moins de 2 mètres de haut ;
– 2 mètres pour les arbres de plus de 2 mètres de haut.
Un voisin peut exiger l’enlèvement d’un arbre planté à moins de 0,50 m. Il peut demander qu’un arbre de plus de 2 mètres de haut planté à plus de 0,50 m mais à moins de 2 mètres soit élagué pour être maintenu à cette hauteur limite. Le propriétaire d’un terrain sur lequel avancent les branches des arbres de son voisin peut contraindre ce dernier à les couper. Le propriétaire de l’arbre est propriétaire du bois coupé. Par contre, si ce sont les branches d’un fruitier, les fruits tombés appartiennent au propriétaire du terrain sur lequel ils tombent. Par contre, il n’a pas le droit de les cueillir ! Le propriétaire d’un arbre, même planté à distance réglementaire, est responsable des dommages causés par les racines qui s’étendent sous les propriétés voisines.

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