À chacun son envol

Le colvert est un canard universel. Si commun qu’on en oublie souvent la livrée étincelante du mâle et celle plus délicate de la femelle.

Tant que le gel n’aura pas pris les eaux de l’étang ou du lac, le colvert sera présent. S’il est un oiseau farouche et inapprochable dans les marais, le palmipède sédentaire barbote tranquillement le long des quais, dans les ports et près de l’homme en général. On lui ouvre alors volontiers nos sacs de pain sec pour profiter de sa beauté, se moquer un peu de sa démarche maladroite et pour montrer de près un animal sauvage à ses enfants. Comment survit-il dans les eaux glacées ? Et quelle est surtout cette agitation qui le secoue en plein mois de février ?
Depuis l’automne, le mâle s’est rapproché d’une femelle qu’il suit comme son ombre jusqu’au printemps suivant. Leurs plumages différenciés permettent une identification facile. Ils correspondent aussi à des rôles précis : séduction pour lui et discrétion pour elle qui va assumer seule la couvaison et l’élevage des poussins.
En fin d’hiver, les canes libres ou déjà en couple sont courtisées par des mâles en surnombre. Intimidations, bagarres et poursuites agitent souvent les troupes. La parade du colvert est très ritualisée et reprend différentes postures de toilettage incorporées dans une chorégraphie précise. Soudain tous les canards s’envolent… patientez quelques minutes : il s’agit sans doute d’une poursuite amoureuse et les oiseaux seront tantôt de retour. Les accouplements se multiplient en fin d’hiver. L’acte en lui-même paraît plutôt rude puisque le mâle noie quasiment la femelle. En guise d’attention, il lui pince tout de même les plumes de la tête. Mais, bien vite, elle se dégage et s’ébroue un peu plus loin.
Les plumes de la tête du mâle sont dépourvues des petits crochets qui les solidarisent habituellement les unes aux autres. Chacune s’oriente indépendamment, ce qui diffracte la lumière bleue dans de multiples directions. À cet effet irisé s’ajoutent des pigments jaunes pour obtenir un vert brillant unique et séduisant.
Survivre sur l’eau en hiver exige quelques adaptations. Une épaisse couche de graisse et un duvet particulièrement serré doublent les plumes sur le ventre et sur la poitrine, deux parties particulièrement exposées au froid. Les oiseaux d’eau passent d’ailleurs plusieurs heures par jour à entretenir leurs précieuses plumes. Présente sur le croupion de tous les oiseaux, leur glande uropygienne est exceptionnellement développée. Ils enduisent leur bec de sa sécrétion huileuse pour imperméabiliser leur plumage.

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