Dans la mangeoire, j’ai mis…

Cris, bagarres et plumes en pleine voltige agitent le jardin enneigé. En cause ? Une mangeoire emplie de graines, source de vitalité et d’excitation.

Après plusieurs givrées redoutables, l’air humide d’une perturbation force enfin le ciel à lâcher ses flocons. La neige adoucit les formes dans le jardin et la nature devient muette.Pour la vie sauvage, c’est un vrai défi ! Quelques pinsons peinent à trouver de la nourriture sous le noisetier.

Un rouge-gorge au plumage gonflé picore des miettes de pain au bout de la terrasse. Deux filets de graisse à une branche de vigne, trois poignées de graines sur la mangeoire encore déserte, le nourrissage matinal est fait.

Une mésange bleue est la première à repérer les boules du bonheur. Une tourterelle turque s’aventure sur le rebord de la fenêtre. La dureté des conditions météo force les oiseaux affamés à s’avancer près des maisons… La mangeoire est irrésistible, même s’il faut s’approcher de l’homme, s’exposer aux serres des prédateurs ou côtoyer de très près d’autres becs affamés.

Les verdiers monopolisent les lieux en petites troupes. Seul le fier rouge-gorge leur tient tête. Les graines permettent de faire le plein d’énergie rapidement, mais les altercations avec les autres espèces sont inévitables.

Chacune adopte une stratégie différente pour profiter des places de nourrissage. D’ailleurs, voilà qu’une troupe de gros oiseaux anime le paysage enneigé. Des grives litornes ! Moins familières en d’autres circonstances, elles se régalent ce matin dans le verger. Les quelques poires oubliées à la cueillette sont devenues providentielles.

La silhouette typique d’un rapace élancé se détache bientôt sur une branche du frêne du jardin : une femelle d’épervier, terreur des mésanges. Le froid l’a poussée jusqu’ici. Son regard suit une bande de moineaux friquets à terre. Vigilance impassible. Elle aussi est transie, elle aussi a faim. Et la mort d’une mésange, c’est la survie d’un épervier. En tout cas, mieux vaut caler l’estomac de ce prédateur que celui du chat roux de la voisine. À la mangeoire, le grosbec ou le pinson du Nord, aux couleurs vives, égaient le gris du ciel. Leur contemplation est la récompense du nourrisseur.       

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