Le mois des écrueuils

Octobre, c’est le temps des récoltes pour l’écureuil. Notre casse-noisette préféré est partout. C’est le moment de scruter épicéas et noisetiers.

L’écureuil est l’un des rares mammifères à être à la fois diurne et assez confiant face à l’homme. Profitons-en ! Il nous attend en forêt, mais aussi parfois même en pleine ville, dans les parcs et les jardins. Pas peureux, ce petit rongeur réagit tout de même à l’approche d’un intrus en poussant des gloussements – tsouctsouc- tsouc-tsouc – et en grimpant le plus haut possible, en spirale ou caché derrière le tronc d’un arbre. Le voltigeur répugne par contre à descendre au sol où il est beaucoup plus méfiant et vulnérable. Au choix, il préférera un saut spectaculaire à une marche dangereuse. Mais, en automne, il doit multiplier ses expéditions terrestres pour dissimuler ses réserves.

Étourdi mais prévoyant

Avec ses deux mains habiles, le rouquin inspecte et soupèse chaque noisette. Il reconnaît infailliblement à leur légèreté celles qui ont été perforées par le balanin et dévorées de l’intérieur par la larve de cet insecte. Les noisettes vides sont jetées par-dessus bord, les pleines fermement maintenues, la pointe en haut. L’écureuil y ronge un sillon juste assez grand pour glisser ses incisives. Puis il fait facilement éclater la coque en deux parties.

Entre deux noisettes, il grignote volontiers des champignons, même des espèces toxiques pour l’homme. Il cherche aussi activement les pommes de pin. Sous chaque écaille, deux minuscules amandes l’attendent, délicieuses et nourrissantes. En montagne, elles sont à sa disposition tout l’hiver. En plaine, le rongeur dissimule de grandes quantités de noisettes, de faînes ou de glands dans la litière de la forêt.

C’est surtout à l’odorat qu’il retrouve une partie de ses cachettes, y compris sous la neige. Les graines oubliées pourront germer sur place et régénérer la forêt. Ce que les arbres lui donnent, il le leur rend bien malgré lui. Ainsi l’écureuil est une sorte de jardinier, tout comme le geai ou le cassenoix. Les cris sonores d’un geai annoncent un danger imminent ? Alarmé, l’écureuil dresse la tête…Tsouctsouc-tsouc ! un éclair roux s’évanouit dans le feuillage en quelques bonds.

Un équipement de pointe pour ses expéditions

La signature de l’écureuil est sans conteste sa magnifique queue en panache. Elle lui sert à la fois de parachute pour amortir ses dégringolades et le faire atterrir toujours sur ses quatre pattes, de gouvernail pour ajuster sa direction même en plein saut, d’édredon confortable à l’heure de la sieste ou encore de couvert temporaire en cas de pluie. Ses pattes sont parfaitement adaptées au mode de vie arboricole. Devant, deux petites mains avec une sorte de pouce opposable. Derrière,  deux cuisses musclées pour sauter, et des griffes qui, comme des crampons, permettent de monter ou de descendre des troncs quasiment à la verticale.

Les mâchoires de l’écureuil sont extrêmement puissantes et capables de s’ouvrir de manière beaucoup plus large que les nôtres, ce qui est très utile pour déplacer ses récoltes. La musculature saillante qui actionne ses deux mandibules lui fait de grosses joues de hamster.

Textes Julien Perrot & Sofia Matos

(La Salamandre) Dessins Benoît Perrotin

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