Haie taillée en moutonnements

Dans les Vosges, une ancienne tourbière est devenue un jardin d’altitude délicatement contrôlé pour préserver les espèces sauvages et intégrer une végétation qui offre des centres d’intérêt du printemps jusqu’à l’automne.

Quand on parle à Simone de son jardin, elle s’empresse de préciser : «C’est le site qui m’a accueillie. Je me suis glissée dans le paysage existant, en y accentuant simplement certaines structures ». Il faut dire que l’environnement est exceptionnel, avec les reliefs des Vosges pour écrin ! À 600 m d’altitude, sur 2 500 m2, avec un dénivelé de 20 m environ, le jardin s’étale depuis la maison jusqu’à une ancienne tourbière, en intégrant un capricieux ruisseau de montagne, qui apporte beaucoup de vie. La vie est d’ailleurs la principale préoccupation de Simone, dans cet espace dont elle favorise la diversité. Elle a choisi la plupart des végétaux pour leurs propriétés à attirer les oiseaux ou les papillons. Si la population des passereaux semble maintenant en équilibre, les papillons sont de plus en plus nombreux chaque année, ce qui réjouit cette fine observatrice de la faune et de la flore sauvages. Et voici donc résumé le fil conducteur de la jardinière : respecter la nature.

D’ailleurs, à la construction de la maison il y a une trentaine d’années, le paysage, d’une beauté si présente, ne laissait pas de place pour un projet d’aménagement de jardin. La révélation a eu lieu grâce à des voisins qui ouvraient alors une pépinière et ont maintenant un Jardin remarquable à Berchigranges, près de Gérardmer. Les pépiniéristes Thierry et Monique Dronet ont transformé une ancienne carrière en un paradis végétal et leur rencontre avec Simone fut déterminante : elle a alors trouvé des solutions pour choisir les bonnes plantes, adaptées à ce climat rude, et aménager la pente et les abords du ruisseau. Oubliées, les quelques tentatives ratées d’acclimatations hasardeuses ! Les vivaces retenues encouragent Simone à persévérer…

Après des travaux de terrassement assez lourds, elle a voulu recréer la prairie d’origine. Y poussent spontanément les jonquilles sauvages, les nivéoles printanières (Leucojum vernum) et les colchiques à l’automne. Simone y ajoute d’autres bulbes, comme les narcisses. Mais pas de tulipes, qui seraient dévorées par les mulots. Dans le sol frais, humifère et plutôt acide, se plaisent les Viburnum, les Hydrangea, et les rosiers botaniques greffés sur Rosa canina des pépinières Brochet-Lanvin. Même à l’arrière de la maison exposé au nord, la gamme végétale est large, avec des bruyères, des Mahonia, le rhododendron nain R. impeditum, des graminées… Le compost, fait de broussailles coupées, est le seul apport pour nourrir la terre. Côté arrosages, « il faut que le jardin se débrouille », affirme Simone, même si des points de récupération d’eau ont été mis en place pour pallier la chaleur sèche de l’été continental.

Photos LAURIE HÉGO

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Caroline Géneau
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