Jardin des Plantes 4

Directeur du Jardin des Plantes de Paris, il a eu la charge du projet de restauration des serres du Muséum national d’Histoire naturelle. Elles ont rouvert au printemps 2010.Reportage et photos Béatrice Pichon (Février 2011)

Eric Joly nous rejoint sur le perron de la grande serre après un tournage de télévision : « Les mois qui ont suivi la réouverture des serres ont été très médiatisés », commente modestement l’homme qui, du Jardin des plantes de Paris à l’arboretum de Chèvreloup dans les Yvelines, préside au devenir de doctes collections végétales au long passé.

Le domaine est vaste, les équipes dispersées – une soixantaine de scientifiques, jardiniers et techniciens – l’administration imposante et les projets lourds. « La restauration des serres est restée à l’étude pendant au moins dix ans. Il a fallu qu’un pan de ferraille tombe du toit, n’entraînant par chance aucun dégât corporel, pour que les crédits se débloquent. » Six ans de travaux , huit millions d’euros dépensés pour une cathédrale de verre de 1 700m2, chauffée et humidifiée par des circuits refaits dans les souterrains de l’édifice qui date des années trente.

Le XXe siècle avait campé le décor romantique avec rocailles et cascades, le XXIe siècle met les plantes en relation avec le public au regard des milieux et de l’évolution. « La biodiversité ne se mesure pas seulement au nombre, mais aux interactions entre tous les êtres vivants », souligne Eric Joly qui ne cherche pas à exposer de nouvelles espèces – tout au plus avance-t-il des genres inconnus.

« Le public reste ignorant du végétal, bien moins averti que sur le monde animal évoqué à la Grande Galerie ou la ménagerie, d’où la nécessité d’une pédagogie nouvelle, que nous avons élaborée avec nos enseignants chercheurs et confiée à des muséographes pour la mise en scène. Des voix s’élèvent de panneaux colorés, des objets étayent de brèves lectures.

« Ce n’est pas un musée conventionnel avec des gardiens à chaque angle car les plantes appellent le toucher, et cela ne va pas sans dommage, même si nous avons élargi les circulations. Quelques rares actes de malveillance suffi sent à créer des dégradations importantes », précise Denis Larpin, responsable des collections végétales tropicales .

Les huit jardiniers qui travaillent à l’ entretien , évoluent parmi les visiteurs. Le dialogue s’instaure parfois sous un ficus géant, au pied de l’ arbre aux plantes épiphytes : on revient sur l’adaptation de ces filles de l’air à la canopée, on commente le mode de vie des succulentes dans les déserts ou l’archaïsme des fougères arborescentes.

Oubliée la classification systématique, sans céder pour autant à la mode des reconstitutions de biotopes. Seule la serre de Nouvelle-Calédonie est organisée par milieux, plantés de jeunes sujets produits dans des pépinières de cette île lointaine.

Retenus par les contrôles des douanes, certains lots ne sont arrivés que quelques heures avant l’inauguration ! « Vous imaginez l’attente », commente Eric Joly, déjà nostalgique de cet épisode, le plus beau de sa carrière d’ingénieur, marquée de belles étapes dans le Paris végétal, de l’École du Breuil au fleuriste municipal à Auteuil.

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Sylvie Bendavid, assistée de Franck Talbourdet
Sylvie Bendavid, assistée de Franck Talbourdet
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