Coleus

On les disait passées de mode, on les avait oubliées et, dans bien des jardins, on ne les accueillait même plus. Et voici qu’elles reviennent en force, par leur simplicité et surtout, l’absence de préjugés.

Peu de fleurs annoncent si bien la seconde moitié de l’été que le dahlia. Avec ses capitules capables de se hisser au-dessus des feuillages, il claironnera jusqu’aux premières gelées, qu’elles soient tardives ou précoces. Facile à cultiver et généreux, c’est le chouchou de ces dernières années, après une véritable traversée du désert. Avant 2010, le dahlia était en perte de vitesse et il avait tendance à céder le pas à des fleurs jugées plus contemporaines. Jusqu’à ce qu’une nouvelle génération de jardiniers s’en éprenne. Sans aucun préjugé, ils ont fait confiance à cette plante qui fleurit à tous les coups, bien loin des capricieuses fleurs vivaces vantées jusque-là, à l’image du lis des crapauds (Tricyrtis). Celui-ci ne donne que des petites fleurs sophistiquées, réclame des conditions précises pour s’épanouir, et dure assez peu. Tout le contraire d’un dahlia, souche que l’on croirait morte lorsqu’on la plante au printemps et qui se transforme parfois en véritable arbuste.

Bouquet de découvertes

Si l’on en croit les réseaux sociaux, les roses trémières ne devraient pas tarder à revenir, elles aussi, sur le devant de la scène. Ces rescapées rejoindront les roses à fleurs simples, actuellement à nouveau très en vogue, ainsi que les coléus (Solenostemon), aux feuilles bariolées. J’espère que bien d’autres seront remises à l’honneur car de vrais joyaux sont en train de tomber dans l’oubli, comme les achimènes, les glaïeuls, les fuchsias, etc. D’autres sont sans doute condamnés à rester quelque temps encore au placard, comme les cannas, desservis par leur floraison tapageuse et froissée. Dans tous les cas, la place qu’on réserve à ces fleurs remises au goût du jour est bien différente de celle qu’on leur offrait jadis. Alors que les dahlias et les coléus, par exemple, se devaient d’être voyants et qu’on les plaçait au jardin sans grand discernement, leur version 2.0 est plus élégante, plus travaillée. Adieu horribles tuteurs à tomates servant à guider les dahlias !

Le retour de la simplicité

Voici venu le temps de la simplicité orchestrée, en compagnie de fleurs vaporeuses et de feuillages fins, où l’on cherche à recréer une image de campagne calme et chic. Un peu comme le port de la barbe, aujourd’hui remise à l’honneur mais soigneusement taillée. Dahlias et hipsters se trouvent maintenant associés dans mon esprit ! L’important n’est pourtant pas la mode, mais bien de se faciliter le jardin. Il n’y a rien de plus gratifiant que de profiter de floraisons généreuses sans se donner trop de peine. Et il aurait été dommage d’oublier ces fleurs « de grand-mère », un qualificatif détestable pour les personnes comme pour les plantes. Le philosophe Gustave Thibon (1903-2001) ne disait-il pas que c’est toujours un grand mal que de juger dépassé ce qui est irremplaçable ?

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