Béton ciré

Dix ans de travaux ont été nécessaires pour redonner tout son éclat à ce corps de ferme du XIXe siècle, niché aux confins du Marais poitevin. Une renaissance sous le signe de l’épure.

C’est un vieux corps de ferme comme on en trouve encore au bord de la Sèvre niortaise, dans ces petits hameaux classés qui font tout le charme de nos provinces. Nous sommes dans l’aire d’Échiré, dont le fameux beurre enchante les gastronomes, aux confins de la Venise verte, le Marais poitevin. Originaires de Niort, Bruno et Virginie, tous deux amoureux des belles demeures en pierre calcaire, sillonnent la région à la recherche de la perle rare quand ils tombent sur cette bâtisse datant de 1885, dont ils saisissent immédiatement le potentiel. Il s’agit d’un ensemble de plusieurs bâtiments : une habitation principale, deux granges aux murs en petits moellons et un mazet en pierre à usage de four à pain.

Conserver et améliorer

« La surface habitable, sur deux niveaux, était idéale, se souvient Bruno, d’autant qu’on pouvait aussi imaginer l’aménagement des deux granges. » Virginie, pour sa part, est séduite par le magnifique jardin clos qui s’étend devant, entouré de murets de pierre et planté de buis bicentenaires, d’arbres fruitiers. Le coup de foudre est immédiat. La maison étant située sur un site classé, il leur faut cependant l’accord de l’architecte des Bâtiments de France pour démarrer la rénovation. Commence alors une dizaine d’années de travaux destinés à rafraîchir avec soin leur découverte : après le démontage des sols pour unifier les surfaces et faire passer les conduits de chauffage, seront posées des pierres blanches de la Vienne dans le salon, et ailleurs, des planchers en châtaignier pour éloigner les insectes, les araignées en particulier ! Les ouvertures sur le jardin seront en chêne à double vitrage. 

Touches de récup’

Dans un deuxième temps, avec l’aide de l’architecte niortais Philippe Commun, le couple décide de relier le four à pain au bâtiment principal en créant un séjour-salle à manger surplombé d’une verrière. L’accès au jardin est privilégié avec de grandes baies vitrées à la française.

Tout en sobriété, les murs extérieurs sont conservés, remis à nu et chaulés, et le sol du nouveau volume est habillé intégralement de béton ciré gris. Au fond, un escalier dessert au premier une chambre spacieuse, dotée d’une salle de bains qui met la récup à l’honneur : radiateur en fonte brute oxydée, auge retaillée en vasque, volet ancien utilisé en pare-douche… Bruno et Virginie souhaitaient préserver l’authenticité de la maison en la faisant doucement évoluer vers la modernité avec des matériaux écologiques et naturels. Bois, métal rouillé, pierre, chaux et béton sont ainsi mis en scène avec un grand respect de la structure et de son environnement.

Le jardin conserve ses enclos et son verger. Cependant, des ouvertures sont créées pour faciliter l’accès à ce qui devait être un bassin naturel, mais qui devient une véritable piscine aménagée derrière un muret de pierres sèches. Des auges en calcaire recyclées y déversent une eau fraîche… La vie au naturel devient une évidence.

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Stéphanie Boiteux-Gallard
Stéphanie Boiteux-Gallard
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