Rencontre avec Thierry Béchard, passionné de tillandsias

En petite Camargue, Thierry vit de sa passion pour ces plantes épiphytes, qu’il fait naître et soigne pendant des années avant de les transmettre avec ferveur.(photos Béatrice Pichon)

Signalée par un simple panneau, la pépinière de Thierry Béchard tient dans une serrechapelle (des tunnels réunis) de 500 m2, abritée par des rideaux d’arbustes qui protègent du mistral. Nous sommes à  Aimargues, en Camargue, une terre farouche habitée d’oiseaux et de troupeaux qui concède ses parcelles non salées à la vigne et aux vergers.

La serre offre une autre vision, celle d’un logement surpeuplé avec des milliers d’étranges petits êtres entassés sur plusieurs étages ou suspendus au plafond. Le propriétaire surgit d’un rideau naturel de fils d’argent. Il a ce même petit sourire que sur la fête des plantes de Sérignandu-Comtat (Vaucluse), où nous avions découvert ses Tillandsia éphiphytes. « Vous allez voir des fleurs !« , annonce-t-il, sachant d’avance l’effet produit par les joyaux montés sur de petites griffes grises, que le profane pourrait prendre pour des objets inanimés. À leurs étonnantes couleurs de rubis , d’améthyste ou de nacre, ces fleurs délicates ajoutent parfois une bonne dose de parfum.

Bien avant de devenir pépiniériste, Thierry Béchard a passé un an sur le continent sud-américain. Il y a observé in situ des centaines d’espèces de Tillandsia et noté leurs conditions de vie, thermomètre et hygromètre en main. Ses souvenirs de voyages sur la Cordillère des Andes, de l’Argentine jusqu’au Mexique, constituent le socle de ses collections – une centaine de variétés au total. Il les travaille depuis maintenant vingt ans, avec le souci d’offrir des plantes adaptées aux conditions méditerranéennes. Certaines vivent même dehors toute l’année, encore rustiques entre – 3 °C et – 7 °C mais rarement à – 10 °C. « Ma production se différencie de celle des serres à orchidées saturées d’humidité : je ne modifie pas l’air ambiant dans la serre. Cela exclut la culture des espèces tropicales. Je n’utilise le chauff age que pour maintenir les plantes hors gel. En hiver, les amplitudes sont très fortes, allant de 2 à 3 °C la nuit jusqu’à 30 °C le jour. »

Il poursuit : « Aucune n’est semblable à l’autre, mais elles sont toutes aussi belles. » Belle ! Le mot qui revient le plus souvent au cours de la visite, même si le premier objet de fascination reste cette façon de vivre, suspendues, sans substrat et souvent sans racines. Lorsqu’elles existent, ces dernières s’accrochent mais ne pompent rien. Les tillandsias ne sont pas des parasites : ces plantes vivent de l’air et de la pluie qu’elles captent sous leur carapace argentée.

Sous les tropiques, tout fonctionne simplement, mais sous serre, les ressources sont rares et les feuillages travaillent à cause des amplitudes qui les obligent à s’ouvrir et se fermer en permanence. Il faut les arroser chaque matin en été et les nourrir tous les mois avec de l’engrais pour orchidée. En hiver, l’arrosage est réduit (2 ou 3 fois par mois) si les températures restent basses. Un repos bien marqué facilite le retour des floraisons.

Plus d’infos sur Thierry Béchard  : il reçoit sur rendez vous au 04 66 88 66 76. Il expédie ses plantes en France et à l’étranger.

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