Clarisse Béraud

Voilà vingt ans qu’elle a ouvert son atelier de stylisme floral à Paris. Formidable créatrice, Clarisse Béraud est une amoureuse des fleurs, de la déco, de la nature… Elle interprète, compose et revisite son art avec brio et raffinement.

Profil

Âge : 50 ans.
Lieu de naissance : Paris.
Parcours : Elle suit la filière horticole avec un bac technique et un BTS horticulture. Elle fait ses premières armes pendant 5 ans à l’atelier floral Lieu dit, avenue du Maine, qui conforte sa passion et affine sa technique.
Moments-clés : Elle fait la couverture du magazine « Madame Figaro Maison » en mai 2002, qui met en lumière son travail aérien et subtil.
Activité : Fleuriste, directrice de l’agence de stylisme floral Vertumne.

Comment est née cette passion pour les fleurs ?

Lorsque j’avais 12 ans, mes parents ont quitté Paris pour aller s’installer en Bretagne, à Saint-Briac, où vivait une de leurs amies qui était fleuriste. J’aimais beaucoup passer du temps avec elle, je l’aidais à repiquer les fleurs, je l’accompagnais sur les marchés… C’était une véritable artiste avec une âme bohème. J’adorais les achillées, cosmos, roses de jardin, zinnias, agapanthes et autres dahlias qui remplissaient sa boutique et son stand. Cela a beaucoup influencé mes goûts, avec une tendresse toute particulière pour les fleurs qui nous rappellent notre enfance ! Outre cette rencontre, j’ai dans mes veines un peu du sang de mon grand-père, rosiériste en Normandie, que je n’ai pas eu la chance de connaître.

Quels sont les moments que vous préférez dans votre métier ?  

Je les aime tous, depuis les achats à Rungis ou chez les producteurs, jusqu’à la création du bouquet final ou du décor. Ce n’est pas un métier monotone. D’un côté, il y a les achats sur lesquels je suis très rigoureuse ; je ne choisis que des fleurs d’une grande qualité et d’une grande beauté. Et de l’autre, la conception des décors ou des abonnements, l’aménagement de la boutique sont des phases créatives très excitantes. J’insuffle les idées puis, avec mon équipe, nous passons à la réalisation. J’aime aussi particulièrement les périodes de réflexion avec un client, pour trouver les solutions adaptées à son événement. Enfin, l’atelier propose des cours d’art floral très prisés des Japonais et des Américains. Ce sont des moments conviviaux qui comptent beaucoup. C’est très important de transmettre.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?  

Je puise mes idées aussi bien dans la mode que dans la décoration. Il est difficile d’être précurseur de tendances mais il est par contre primordial de savoir interpréter ces tendances. J’aime, par exemple, les courants wabi, les élans seventies, ainsi que cette vague un peu exotique qui nous apporte une nouvelle vision des vanneries, fraîche et poétique. Sans oublier la démarche actuelle pour la récup et l’upcycling, qui nous rappelle qu’inspiration et création peuvent rimer avec budget raisonnable. Côté mode, nous avons la chance de travailler avec des maisons de couture comme Galiano, Margiela, Chanel ou même la boutique Colette située juste à côté. Elles sont aussi source d’échanges et d’inspiration. L’exercice de style qui consiste à coller à l’esprit de la marque est un beau défi.

On sent l’importance du feuillage dans vos créations. Quel sens a-t-il pour vous ?

Oui, cela se voit dès que l’on franchit la porte de la boutique ! Pour moi, il donne le ton et la poésie. Nous avons la chance d’avoir un feuillagiste, lui-même producteur, qui vient nous proposer ses végétaux au pied de l’atelier. On fait alors notre choix en fonction des fleurs, de nos commandes et de notre inspiration. J’aime la fraîcheur des branches de tilleul, la beauté de celles de magnolia… En saison, les prunus, les spirées, les pivoines arbustives sont autant de cadeaux de la nature qui m’inspirent. Dernièrement, nous avons fait tout un décor pour la cristallerie Saint-Louis uniquement avec des feuillages, c’est dire à quel point ils comptent pour moi !

Quel est votre rapport au jardin ?

J’ai la chance d’avoir un petit coin de nature avec la famille entre Beauce et Perche. Cela fait dix ans que j’y fais mes expériences au jardin. Forcément au début, j’y ai planté des essences peu adaptées, uniquement parce que je les aimais. Maintenant je me suis fait une raison et j’adapte mes plantations au sol et au climat. Il faut être pragmatique ! Lorsque je quitte la capitale et que j’arrive à la campagne, les senteurs me ravissent et me ressourcent. On retrouve la qualité de l’air et chaque parfum est une fête. Lorsque je n’ai pas le temps de jardiner, je pose juste mon regard sur les skimmias, sur les viburnums, j’observe les oiseaux, le frissonnement des arbres… Le jardin nous oblige à une certaine humilité devant la nature, à l’art de la patience. Je me surprends à aimer les plantes qui se ressèment toutes seules et envahissent le jardin comme les digitales ou les myosotis colonisateurs.

Un atelier foisonnant d’idées

Nous sommes dans le 1er arrondissement de Paris, à deux pas de la rue Saint-Honoré et de ses boutiques de luxe, et à côté de la place du marché qui porte le même nom. C’est ici que Clarisse Béraud, qui tenait à être au cœur du Paris de la mode et de la décoration, a ouvert son atelier floral, il y a vingt ans. Mêlant modernité, charme suranné et poésie, l’espace est une bouffée d’air pur.
Le coin boutique est exubérant. Tandis que sur les murs, un ciel en trompe-l’œil habille les lieux de légereté, les fleurs à foison forment fièrement une haie d’honneur. Rangées par couleurs et par tailles, elles trônent sur fond de végétaux. Juste à côté se trouve l’atelier floral, où ont lieu les cours mais aussi où sont réalisées toutes les compositions. C’est également ici que Clarisse et son équipe reçoivent les clients pour réfléchir aux décors de leurs événements. D’un coup de crayon, d’une esquisse, elle leur propose des associations végétales ou florales, elle scénographie leurs projets, elle les fait rêver.
Le lieu est particulièrement propice à la création. Les murs transpirent encore quelque chose du vieux Paris, et une atmopshère d’authenticité y règne. Vases et autres contenants s’alignent sur les étagères ; fleurs et végétaux attendent patiemment leur tour pour être sublimés dans les mains de la fleuriste. Les idées ici ne manquent pas…
Les pivoines apprécieront la compagnie des roses anciennes ou se marieront avec jubilation aux vrilles du saule tortueux, les délicates astrances seront soulignées d’une feuille graphique ou d’un branchage noueux… Clarisse compose les lieux telles des partitions florales. Une forme d’art décoratif version nature…

En savoir plus

• Atelier Vertumne : 12 rue de la Sourdière, 75001 Paris. Tél. 01 42 86 06 76 www.atelier-vertumne.fr
Texte et Photos Franck Schmitt

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