Sans tache

Dans l’ensemble, les lis évoqués ici prospèrent sans effort dans toute bonne terre de jardin, moyennant parfois un petit apport à la plantation. Après quoi, ils fleurissent en toute quiétude. Peu sujets aux maladies et faciles à multiplier, ils sont surtout victimes d’un parasite, contre lequel il faut organiser la lutte.

La réussite de la culture des lis, comme celle de nombreux végétaux, tient pour l’essentiel dans une plantation soignée. Avant tout, veillez à leur éviter la concurrence, qu’ils n’apprécient guère. Désherbez donc soigneusement leur emplacement et ne les associez pas à des vivaces trop proches. Le sol doit être bien travaillé, si nécessaire enrichi en humus, terreau ou autre. Le point trop souvent négligé est la profondeur de plantation. La plupart d’entre eux, en effet, émettent des racines sur la base de leur tige et il faut prévoir 15 à 20 cm de terre au-dessus de la pointe du bulbe. Mettez ceux-ci en place entre novembre et mars. Le lis candide, qui ne fait rien comme tout le monde, doit être planté durant son bref repos, en septembre, et son bulbe doit affleurer la surface.

Cueillettes raisonnées

Si vous souhaitez cueillir les lis, rappelez-vous que leur feuillage est leur moyen de survie et que c’est lui qui reconstitue les bulbes. Optez donc pour des variétés élevées dont vous pourrez ne couper que le tiers supérieur de la tige. Sinon, prenez des sujets bon marché, en petit calibre, que vous sacrifierez en les coupant à ras de terre. Dans ce cas, naturellement, c’est en rang et au potager qu’il faut les installer.
Les espèces qui produisent des semences (ce n’est pas le cas de toutes) peuvent être propagées par semis, effectué en avril, en caissette de terreau, et en enterrant peu les graines. La levée intervient assez rapidement.
Mais le meilleur moyen consiste à bouturer des écailles de bulbe, en mars. Détachez celles du pourtour, comme on le fait des « feuilles » d’artichaut, et piquez-les dans du sable frais ou tout autre substrat léger. Des bulbilles (entre une et sept) apparaîtront à la base et donneront une feuille en automne.
Enfin, diverses espèces et hybrides produisent spontanément des bulbilles sur leur tige à la base des feuilles. Récoltées en août, elles seront semées en caissettes, comme des petits pois. Les jeunes bulbes, issus de semis comme de bouturage, seront élevés un an environ avant d’être mis en place. Ils fleurissent jeunes (en deux ans tout au plus).

Menace colorée

Côté ennemis, il arrive, mais c’est rare, que certains lis soient victimes des rongeurs. Ne vous fondez pas trop sur cet accident, la plupart des espèces étant dotées naturellement de répulsifs efficaces contre ces vandales. Les limaces et escargots sont plus à craindre, surtout sur le feuillage des tout jeunes sujets ainsi que sur leurs écailles, car ces goulus se moquent des substances repoussantes. C’est une des raisons de l’élevage en terrines qui permet une bonne surveillance. Sinon, reste évidemment la lutte avec des appâts appropriés.
La grande menace vient surtout d’un ravissant coléoptère, le criocère, qui s’est énormément multiplié ces vingt dernières années. Ce charmant animal vermillon, à peu près de la taille d’une coccinelle, est capable de détruire une plantation entière, surtout par le biais de ses répugnantes larves gluantes, couvertes (c’est charmant !) de leurs propres excréments verdâtres. La sensibilité à cette bestiole varie fortement d’une espèce de lis à l’autre.
Les adultes se laissent choir à terre quand on les approche de trop près et il faut ruser pour les attraper, mais on prend vite le coup de main. Quant aux larves, le plus simple est de les faire tomber au jet à moyenne pression. Elles sont incapables de remonter sur leur proie, d’autant que cette douche détruit leur gangue protectrice et les expose à de nombreux prédateurs.

Alexandre Bourgeois

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