Jardin

La pyrale du buis a fait de gros dégâts cette année, tandis que d’autres nuisibles sont en train de s’installer, de plus en plus fréquemment et nombreux, sur nos terroirs. Devons-nous craindre désormais pour nos plantations ? Pas forcément…

Souvent, il suffit de faire un tour de jardin pour se rendre compte que peu de végétaux peuvent se vanter de n’avoir aucun ennemi. Y compris le bambou, dont on pouvait penser jusqu’à présent qu’il était la plus immune des plantes de jardin. Car on a établi depuis cette année qu’un de ses acariens (qui s’attaque à ses feuilles) s’était implanté durablement dans le sud de l’Europe. Et si les étés chauds perdurent au fil des ans, il y a fort à parier que ce ravageur grimpe vers le nord… Il est une autre bestiole qui sévit au sud, en Corse plus précisément, c’est la bactérie Xylella fastidiosa, dont une forme est responsable du dépérissement des oliviers. Elle a été détectée en juillet sur un polygale, un arbuste de terrain sec. Trois mois plus tard, 94 foyers d’infection étaient recensés. Heureusement, ils sont sans danger pour les oliviers car à la différence de l’italienne, la souche insulaire ne semble pas attaquer une grande diversité de plantes. Elle ne se retrouve que sur le polygale mais est sans doute présente en de nombreux points de l’île de Beauté. Les ravageurs ne se contentent cependant pas de nos terres méridionales. Plus au nord, on en a déniché cette année un qui attaque les agapanthes, lesquelles ne sont plus, de ce fait, à l’abri. Leur galle (une larve qui se développe à la place des boutons) a été observée à la fin de l’année 2014 en Angleterre, et le recensement de cet été a montré que la bestiole était présente dans de nombreuses villes outre-Manche.

Un rythme qui s’accélère

Certes, on sait bien que chaque année amène son lot de nouvelles maladies et de nouveaux ravageurs. Mais la cadence va de plus en plus vite… Il y a moins d’un demi-siècle, il fallait compter vingt ans pour voir apparaître une nouvelle espèce de pucerons ; désormais, on observe l’arrivée d’une espèce nouvelle sur nos cultures chaque année ! Ainsi, en combinant les grandes catégories d’insectes, les champignons (microscopiques responsables des maladies fongiques), les virus et les bactéries, on peut désormais s’attendre à une dizaine de nouvelles maladies chaque année… Et ces affections et ravageurs inédits viennent s’ajouter à ceux que l’on connaissait déjà. Rien que pour le buis, ce ne sont pas moins de douze ennemis que l’on recense à l’heure actuelle, même si dans les jardins, seuls trois posent de vrais soucis. Fuchsia, tomate, eucalyptus, arbre de soie, lilas, noyer, agrumes, fruits à peau tendre, châtaignier…, tous ont maintenant leur peste, et il semble qu’aucune culture ne soit épargnée.

Une affaire d’équilibre

Lorsqu’un nouveau ravageur apparaît ou qu’une maladie se déclare pour de bon, l’attaque est généralement très forte, car le terrain, surpris, n’offre pas de résistance. Ainsi les ormes de nos haies bocagères ont été terrassés par la graphiose en peu d’années ; le doryphore a ruiné bien des champs de pommes de terre. Au fil des ans pourtant (et heureusement), les prédateurs naturels s’adaptent au nouveau venu et en réduisent le pouvoir de nuisance. Ou bien alors, ils sont introduits (parfois en causant des dommages collatéraux, comme la coccinelle asiatique qui s’est transformée en nuisance à son tour) et trouvent leur place dans notre environnement. Ainsi, le ravageur n’est plus sytématique et devient « juste » occasionnel. Par exemple, cette année, le psylle de l’arbre de soie s’est fait très discret et la floraison des arbres a été magnifique. La chalarose, qui a fait dépérir gravement les frênes l’année passée, ne tue plus tous les arbres : en épargnant de 2 à 4 %, elle permet ainsi aux frênaies endommagées d’être regarnies grâce à ces individus résistants. Cet arbre, s’il risque de régresser par endroits, ne va donc pas disparaître totalement, à l’instar de l’orme qui a réussi à survivre dans les haies, même s’il est moins gros qu’autrefois. Certes, cela demande du temps (parfois plusieurs dizaines d’années), et la neutralisation des maladies varie d’un cas à l’autre, mais on peut donc raisonnablement penser que le phénomène d’équilibrage se reproduira pour toute nouvelle maladie. De quoi rester optimiste malgré tout… .

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