Les animaux à sang froid de milieu humide, à commencer par les crapauds, grenouilles et autres salamandres, ne sont pas les préférés des jardiniers. Néanmoins très utiles, ils sont en forte régression. Comme pour les oiseaux, un jardin bien aménagé peut considérablement les aider.

grenouille

Ploc ! Le bruit que produit la grenouille en plongeant à la vue du jardinier s’approchant du bassin reste un son très familier. Mais pour combien de temps encore ? Jadis très communes, de nombreuses espèces d’amphibiens (famille regroupant les grenouilles, les crapauds et les tritons) sont en recul inquiétant. Certaines, bien connues des jardiniers, sont devenues rares. Le crapaud commun, grand amateur de limaces, chenilles et fourmis, a longtemps été fréquent dans les jardins.

Maintenant, on ne le voit plus que de temps en temps. En certains endroits, le triton lobé, cousin des salamandres, a totalement disparu en quelques mois seulement. La faute en revient, un peu comme pour les abeilles, à une conjugaison de facteurs défavorables. Une maladie en particulier, la chytridiomycose, une infection de la peau s’attaquant aux amphibiens, a aggravé la situation.

Présent en France, ce fléau a pris la dimension d’une pandémie puisqu’un tiers des amphibiens dans le monde serait touché. L’autre cause de régression de ces animaux est liée à la circulation routière, surtout lors des migrations de fin d’hiver. Conjugués à la raréfaction des milieux favorables, tous ces facteurs ont conduit à la réduction des populations. Sur 33 espèces d’amphibiens en France, 13 sont considérées comme menacées.

Le retour des mares

Bien que la situation soit préoccupante, elle pourrait rapidement se rétablir pour certaines espèces, en particulier dans les jardins, là où un coin accueillant peut leur être réservé. L’idéal est bien sûr une petite mare naturelle, de préférence toujours en eau et recevant assez de soleil pour la réchauffer au printemps. Une surface de 2,5 m² est un minimum afin que les animaux puissent trouver de quoi se nourrir à l’état de têtard.

Une bonne profondeur d’environ 1 m au point le plus bas et des berges en pentes douces sont indispensables pour que le lieu leur soit favorable. Les bords doivent en effet être couverts de végétation pour protéger les animaux du soleil durant la journée.

Car, parmi les calamités qui s’abattent sur les amphibiens, il faut aussi noter l’élévation moyenne du taux d’ultraviolets, auxquels leur peau est particulièrement sensible. Une grenouille craint les coups de soleil !

Pas que de l’eau

Si une mare représente un refuge parfait pour les amphibiens, elle n’est toutefois pas suffisante. En effet, les animaux adultes, pendant une partie de l’année, vivent en dehors de l’eau et recherchent les endroits frais, surtout pour se cacher durant la journée et la belle saison. Les tas de pierre ou de bois et ceux de compost représentent de précieux abris.

Un monticule de sable est souvent apprécié par les crapauds accoucheurs, tandis que des pierres plates empilées plaisent aux tritons. À proximité de la mare, un massif aux grands feuillages est aussi précieux, car les batraciens viendront s’y abriter lors des journées les plus chaudes. C’est aussi le terrain de chasse de la rainette arboricole, que l’on peut même voir contre les fenêtres, le soir. Des animaux qui n’ont rien de maléfique malgré leur sang froid : ne perdez pas le vôtre !

Coa, coa, coa… un chant parfois entêtant !

La présence de certains batraciens, surtout les grenouilles, s’accompagne d’un concert de coassements, principalement au printemps, ce qui peut représenter une gêne. Il n’y a hélas pas de moyen d’héberger les grenouilles sans les laisser chanter.

C’est ce qui conduit régulièrement les propriétaires de mares, malgré la protection légale dont bénéficient ces animaux, à répondre des troubles que ces batraciens causent aux oreilles des voisins. En juin dernier, un couple de Dordogne a ainsi été condamné en appel, infirmant un jugement précédent, à combler une mare dont les grenouilles chantaient trop fort pour les voisins. Une pétition de soutien des propriétaires de la mare a depuis recueilli plus de 90 000 signatures.

Une incitation fiscale

La loi pour la préservation de la biodiversité, adoptée en juillet dernier, prévoit une exonération de la moitié de la taxe foncière pour les propriétés non bâties qui choisiront de gérer les lieux humides de façon à y favoriser la faune (y compris les oiseaux de ce type de milieu). Les sites éligibles seront définis à l’échelon local (communal ou intercommunal).

Le propriétaire (ou le locataire) doit s’engager à ne pas compromettre le site pendant cinq ans au moins et à présenter un plan de gestion. Cette disposition s’adresse surtout aux champs dont les zones humides (les mares temporaires) sont de plus en plus comblées ou retournées. Une décision qui aura toutefois mis huit ans à voir le jour en France, après une première tentative en 2004… .

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