Un toit végétal

Des plantes à la place des tuiles ? Oui, c’est possible et même avantageux ! Mais attention, cela ne s’improvise pas.

La toiture végétale est un système des plus anciens remis au goût du jour, pour des raisons aussi bien esthétiques qu’écologiques. Car il affiche de nombreux points forts par rapport à la toiture classique. La couche végétale, qui combine un substrat à des plantes adaptées, confère des propriétés intéressantes au bâtiment qui se trouve en dessous. Tout d’abord, elle offre une meilleure isolation thermique, en été comme en hiver. En effet, quand il fait chaud, le toit épais limite les hausses de température, et l’évaporation des plantes compense la chaleur reçue sous forme de rayonnement infrarouge depuis le soleil. C’est le phénomène de cooling que les Anglo-Saxons prêtent aux végétaux. En hiver, la couche empêche à l’inverse à la chaleur de s’échapper par rayonnement à travers le toit. Au final, comptez un rafraîchissement de 5 °C en été, et un gain de 3 °C en hiver.

De plus, en retenant une partie des précipitations à hauteur de 10 mm environ à chaque pluie, elle limite le volume des eaux pluviales. En cas de tempête (dont la fréquence devrait augmenter avec le réchauffement climatique ! ), une telle toiture est plus stable. Ceci dit, si elle ne s’envole pas facilement, des bourrasques à plus de 130 km/h peuvent l’abîmer, comme cela s’est vu dans le Sud-Ouest l’été dernier.

Un mille-feuille technologique

Il faut savoir qu’il existe plusieurs versions de la toiture végétalisée. La plus spectaculaire, celle que les constructions traditionnelles d’Europe du Nord utilisent beaucoup, consiste à faire pousser une vraie prairie sur le toit, à partir d’une couche de 20 cm de terre et plus. Il faut de nombreuses années pour créer un tel couvert, très lourd (250 kg au m² ), mais il est ensuite très stable. Aujourd’hui, les toits végétaux sont plus minces (5 à 7 cm) et plus légers. Ils sont composés d’une couche de pouzzolane colonisée par des plantes « dromadaires » et tapissantes, le plus souvent des orpins (Sedum). Les variantes ont en commun de reposer sur une couche d’étanchéité (film plastique, revêtement bitumé, liner en polyéthylène, etc.). Ce ne sont en effet pas les plantes qui assurent l’étanchéité, mais bien cette matière collée sur la charpente, avec un très fort recouvrement. Entre cette étanchéité et la pouzzolane, un dispositif évite que cette dernière ne glisse. Il s’agit parfois de simples tasseaux posés en travers de la pente, mais les systèmes installés par des professionnels sont bien sûr plus fiables et plus discrets. L’implantation des végétaux se fait en épandant les boutures à la volée, mais certains pépiniéristes proposent des rouleaux de toit végétal, comme le gazon à dérouler. Sachant qu’il ne peut être envisagé que pour une pente inférieure à 30°, alors que les tuiles peuvent supporter une déclinaison plus élevée. De ce fait, une modification de charpente sera peut-être nécessaire ! Mais une chose est sûre : si vous souhaitez vous lancer dans la réalisation d’un toit végétal, entraînez-vous auparavant sur un abri de jardin, ou faites appel à un pro, car les assurances ne plaisantent guère en cas de problème…

Texte et photos Franck Boucourt et Jean-Michel Groult

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