L’hibiscus des marais

Immergées toutes entières ou à moitié, les plantes aquatiques se contentent de peu et font preuve d’une merveilleuse vitalité, à mettre à profit dans de belles mises en scène.

L’eau dormante ne sommeille pas longtemps en paix si le végétal n’est pas là pour maintenir une bonne salubrité et un équilibre biologique vital. La flore aquatique est d’une puissance déconcertante par son activité, et en même temps d’une grande fragilité face aux changements environnementaux. Au jardin, le nymphéa incarne ce monde merveilleux, avec ses larges feuilles flottantes et ses corolles parfaites qui s’ouvrent avec le jour.

Comme beaucoup de plantes immergées, il vit enraciné au fond de l’eau. Certaines plantes aquatiques dérivent sans ancrage, telles les fougères aquatiques (azolla), les lentilles ou les laitues d’eau. D’autres ne montent jamais à la surface (élodée du Canada, callitriche…) ou très épisodiquement en été pour la floraison (potamots, aloès d’eau). Sous nos climats, ce petit peuple retourne au fond de l’eau en hiver, à l’abri du froid, de la même manière que les vivaces se mettent au repos.

Dans les zones proches des berges, d’autres familles de végétaux vivent tantôt émergées, tantôt immergées sous de faibles profondeurs d’eau (de 0 à30 cm) : typhas, joncs et autres herbes hautes plus ou moins persistantes composent la roselière, refuge de tout une faune spécifique, et beaucoup d’autres plantes décoratives, comme les iris d’eau ou les salicaires, fleurissent les berges.

Artifices de petit bassin

Apriori trop exiguës pour satisfaire l’exubérance des plantes aquatiques, les petites surfaces se prêtent pourtant à la réalisation de décors harmonieux. Ils se maintiennent assez facilement en équilibre le temps d’une saison. Comme dans les potées saisonnières, on peut y réunir des espèces vivaces comme les pontédéries et des nymphéas rustiques, avec d’autres gélives comme les laitues d’eau (Pistia stratiotes), les jacinthes d’eau (Eichhornia) ou encore les cyperus dont on ressortira les pots en fin d’été pour leur faire passer l’hiver à l’intérieur. Plus le bassin est profond, plus il offre de possibilités durables.

À partir de 30 cm, on peut miser sur un décor pérenne avec des nymphéas, des sagittaires, une ou deux touffes de scirpes ou de joncs. Cultivées dans des pots, ces plantes sont facilement contrôlables. Trois à quatre espèces associées suffisent amplement, ainsi que deux ou trois plantes flottantes toujours utiles pour l’oxygénation de l’eau.

Grandes pièces d’eau

Sur une grande surface disposant de 50 cm à 1 m voire plus de profondeur, le retour au naturel est la solution idéale. Y parvenir n’est pas toujours facile, mais les plantes aquatiques portent en elles les solutions. On les sait capables d’assainir les eaux dans les stations d’épuration par lagunage ! Cependant, elles ne sont pas toutes aussi esthétiques. S’il apparaît normal de choisir en priorité nymphéas, iris, sagittaires ou autres formes marquantes, elles ne suffisent pas toujours à recréer un milieu équilibré. Il faut y ajouter des plantes immergées utiles tels potamot, hippurie, myriophylle…

De même, les plantes de marais comme les phragmites, massettes, joncs sont de bonnes alliées sur les berges. Une exposition ensoleillée sera plus facile à gérer que l’ombre peu propice aux espèces à fleur. Évitez les milieux trop azotés et les apports d’engrais qui favorisent le développement de feuilles : elles surchargent la pièce d’eau et perturbent l’équilibre en se dégradant.

Reportage et photos réalisés par Béatrice Pichon, sauf mention contaire

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