Installée à Sète, la paysagiste Pauline Boyé aime la nature, les plantes, les fleurs et surtout celles qui sont sauvages. Ce sont ces mal-aimées, ces indésirables, ces vagabondes pourtant si belles qu’elle met en scène naturellement dans tous ses chantiers. Portrait.

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Profil

Âge 39 ans.
Lieu de naissance Paris (75).

Parcours

DESS en ingénierie économique et financière (Montpellier)

2010-2011 : formation à distance de paysagiste (Sète). Qualification en aménagement paysager et cours de botanique à la MDE (Prades-le-Lez).

Moments-clés    

2010 : en parallèle de son travail dans l’informatique, elle entame une formation à distance pour devenir paysagiste.

2012 : premier chantier d’aménagement d’une terrasse de bord de mer à Sète, chez un particulier.

2012 : sortie du premier herbier, « Fleurs de bords de routes » et création de son entreprise « Jardins et Balcons ».

2014 : publication du deuxième volume, « Arbres et arbustes de bords de routes ».

2016 : conception d’un jardin à Los Angeles et création d’objets en fleurs séchées : cadres, bijoux, magnets…

Activités 

Paysagiste, créatrice d’herbiers et objets en fleurs séchées.

Vous étiez, avant, informaticienne. Comment êtes-vous arrivée au métier de paysagiste ?      

J’ai grandi à Sète où je passais beaucoup de temps dans le jardin de ma grand-mère. Par la suite, chaque jour avant d’aller travailler, je traversais deux parcs. J’enviais ces employés de mairie dont le métier était d’entretenir ces espaces verts. En 2009, j’ai ressenti le besoin de revenir vers la terre, la nature, et j’ai entamé une formation à distance de paysagiste. J’ai rencontré beaucoup d’acteurs locaux qui jouèrent un rôle décisif dans mon changement de carrière. J’ai suivi des cours de jardinage bio mais aussi de botanique, pour étayer ma formation. Au bout de deux ans, j’ai créé mon entreprise et démarré mon premier chantier (NDLR Une grande terrasse en bord de mer à Sète) et, en parallèle, mon premier herbier. Le bouche-à-oreille a ensuite fait le reste, ainsi que la maturité des premiers projets. Aujourd’hui, je travaille à l’aménagement aussi bien de jardins que de terrasses et balcons. J’ai réalisé des jardins à Paris, à Toulouse et dans les alentours de Montpellier. Et pour mon dernier chantier, je suis partie jusqu’à Los Angeles, dans celui d’un particulier.   

Quelle est votre façon de travailler ?

Le travail est différent suivant qu’on aménage un jardin, une terrasse ou un balcon. Dans le dernier cas, c’est le soleil qui nous guide. Il faut tenir compte les conditions naturelles, mais aussi appréhender l’espace. Concernant les jardins, je m’occupe de la conception, des achats et de la réalisation. Je travaille essentiellement pour des particuliers, en prenant en considération la dimension affective du lieu. Je commence par m’imprégner de l’endroit et ressentir les différentes vibrations qui l’habitent. De nombreuses contraintes sont à prendre en compte comme le vent, l’ensoleillement, les embruns et le sol. Pour les jardins situés sur la colline de Sète, il est impossible de planter sur la roche, il faut donc repenser les plantations, construire des terrasses de culture, remonter des murets… Par la suite, je me charge de définir la gamme végétale qui sera utilisée et de trouver des plantes adaptées à l’environnement.

Quelle est votre signature ?

On me demande souvent de concevoir des jardins naturels et méditerranéens, à la fois sauvages et ordonnés. J’essaye de conserver au maximum les plantes et fleurs sauvages qui semblent adaptées au lieu. Certaines espèces que j’aime utiliser font partie de ma signature comme l’Erigeron karvinskianus qui vient coloniser des endroits vides en apportant un liant au jardin. Mais aussi, dans un style rocaille, l’Agave attenuata. Concernant les matériaux, je travaille avec des pierres sèches, de petits graviers ocre qui rappellent la roche de la colline de Sète. J’utilise également beaucoup le paillage végétal, des copeaux de bois et des coques d’amandes. J’essaye vraiment de m’inscrire dans le paysage en m’adaptant à l’environnement présent. Et c’est là toute la réussite d’un jardin : avoir l’impression qu’il a toujours été là et que le jardiner n’est pas intervenu. C’est la même chose pour les plantes, qui poussent là où elles auraient pu se développer toutes seules, et les arbustes. J’aime garder ces derniers libres et naturels.

Dans vos projets, vous portez une attention particulière à la réhabilitation de fleurs et plantes sauvages. Pourquoi ?

Je sélectionne volontairement certaines plantes dites « mauvaises herbes ». L’idée est de conserver un maximum de fleurs et végétaux sauvages, et parfois même d’en réimplanter. Ce sont des espèces adaptées au climat, à la sécheresse et faciles à entretenir. Pas besoin de les arroser ni de leur apporter de l’engrais. Elles peuvent aussi se déplacer et semer leurs graines un peu plus loin. Ces fleurs sauvages ont un rôle important à jouer au niveau de la biodiversité. Elles attirent des insectes qui vont ensuite pouvoir polliniser d’autres espèces. Elles ont aussi un caractère esthétique. Même si elles ne sont pas fleuries toute l’année, c’est une jolie surprise de les voir pousser. Un coquelicot qui sort, c’est une touche de rouge qui vient égayer le fond du jardin. J’aime travailler avec des producteurs locaux, et il existe aussi quelques pépiniéristes spécialisés dans les plantes et fleurs sauvages. 

Beautés vagabondes

Entre Sète et Montpelier, les bords de routes regorgent de bien des beautés qui n’attendent qu’une chose : être regardées. Des petites fleurs et des plantes sauvages que Pauline Boyé a cueillies au fil des saisons, classées et répertoriées pour les figer dans un herbier. « Au printemps, on trouve des pissenlits auprès des stations essence, puis ce sont les coquelicots qui arrivent, et en janvier les mimosas. Avec ce projet, je veux faire la part belle aux fleurs et plantes sauvages. Sans l’aide de personne, elles arrivent à se mettre en scène et illuminent le paysage routier », nous explique la paysagiste. Elle les choisit en fonction de leur forme, de leur couleur et de leur taille. Car, une fois les fleurs posées sur la feuille de papier, les détails sont importants :ainsi les petits poils que l’on peut distinguer sur les coquelicots. L’une de ses préférées c’est la gesse chiche, car elle lance de petits lassos d’une grande délicatesse pour s’accrocher aux brins d’herbe et se hisser vers le soleil. Ce projet d’herbier a pu voir le jour grâce à la librairie L’Échappée Belle à Sète. Après un premier volume tiré à 40 exemplaires et préfacé par Gilles Clément, un autre herbier au tirage limité est né, celui-là sur les arbres et les arbustes sauvages. De la cueillette à l’impression, tout est fait maison. Chaque plante séchée est accompagnée d’un petit texte qui donne sa description botanique, mais aussi nous explique son histoire et ses vertus. Et si vous voulez l’herbier personnalisé de votre jardin, avec vos fleurs préférées, c’est possible !   

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